L’arthrose au genou : Est-ce vraiment la cause de tes douleurs ?

L’arthrose au genou : Est-ce vraiment la cause de tes douleurs ?

Tu te réveilles un matin te disant : « En tout cas, je n’ai plus vingt ans & ça parait ! ».

À travers la routine de travail & les obligations hebdomadaires, tu tentes de garder la forme avec quelques séances au gym par semaine.

Des squats, ça doit être bon tu te dis…

Les premiers jours ça va, mais un inconfort au genou commence graduellement à s’installer.

Tu changes d’exercices & essaies différentes machines. « Si les gens l’utilisent, ça doit bien être bon ! »

Flexion, extension…flexion, extension…Flexion, extension…Encore et encore, mais cette fâcheuse douleur persiste.

Tu commences à la ressentir en montant & descendant les escaliers…Voir même à la marche.

Ça devient inquiétant.

« Monique » la voisine d’en face te dit que c’est probablement de l’arthrose. Elle est passée par là dit-elle en te faisant amicalement le rappel que… « C’est normal ! Tu n’as plus vingt ans comme tu dis ».

Mais est-ce que les douleurs au genou sont vraiment attribuable à l’arthrose POINT D’INTERROGATION ?...

Peut-être pas!

En effet, l’arthrose peut souvent avoir le dos large 😉

 

Qu’est-ce que la gonarthrose ?

D’abord, l’arthrose est une atteinte articulaire impliquant la dégradation progressive du cartilage et causant éventuellement une diminution de l’espace entre les surfaces osseuses dans l’articulation. Il s’agit d’une condition normale, à différent degré, survenant avec l’avancement en âge.

L’arthrose spécifique à l’articulation du genou est appelée gonarthrose.

Dans les cas de gonarthrose avancée & symptomatique, nous pouvons normalement retrouver de l’enflure, de la douleur et des crépitements, mais surtout de la raideur. À ce propos, une raideur matinale importante et qui diminue de manière progressive dans les heures qui suivent est l’un des signes significatifs les plus souvent retrouvés dans les cas de gonarthrose.

En ce qui concerne la douleur, elle est généralement associée à la raideur & ressentie dans les premières minutes de l’activité physique. Toutefois, elle devrait normalement diminuer significativement à mesure qu’on avance dans l’activité et ne devrait pas nécessairement être ressentie dans les heures suivant cette dernière.

Sachez que la seule façon d’émettre un diagnostic certain d’arthrose au genou est via imagerie radiographique.

Si ce n’est pas l’arthrose, c’est quoi le problème alors ?

La réponse à cette question n’est pas chose simple malheureusement…

En effet, une consultation en physiothérapie est recommandée afin d’analyser le mécanisme de blessure & évaluer la fonction du genou avant d’en arriver à un diagnostic précis.

Or, dans une majorité des cas en entraînement, la douleur au genou apparait souvent de manière insidieuse & spontanée, sans n’être vraiment associée à un mécanisme lésionnel spécifique ou traumatique.

… Ce qui exclut beaucoup de possibilité de condition pathologique.

Sur ces propos, la problématique peut souvent mettre en cause une surcharge de l’appareil extenseur du genou (tendon du muscle quadriceps) ou encore un déséquilibre musculaire causant une dysfonction au niveau de la rotule.

 

Tendinopathie patellaire

Le terme « tendinopathie », aussi appelé tendinite, fait référence à une atteinte au niveau du tendon d’un muscle & est utilisé lorsqu’il y a irritation et/ou inflammation de celui-ci.

Dans le cas d’une tendinopathie patellaire, la douleur est située tout juste en inférieur de la rotule & est surtout aggravée par les activités qui augmentent la demande musculaire des muscles extenseurs du genou :

  • Sports de puissances (basketball, volleyball, football)
  • Squat profond
  • Descendre les escaliers
  • Sauts ou autres activités à impacts répétés.

Fait intéressant sur les tendinopathies, c’est qu’elles sont « dose-dépendants » !

L’étude de Maciel & al (2019) a démontré que plus la charge appliquée sur le tendon était grande, plus importante était l’intensité de la douleur ressentie au genou.

Être un homme ou présenter une surcharge pondérale peut mettre l’individu à risque de développer une tendinopathie patellaire, mais le facteur de risque le plus significatif à ce jour serait une mauvaise gestion de la charge d’entraînement (Maciel & al., 2019).

Bref, trop de volume d’entraînement et/ou une récupération inadéquate.

Traitement

Différentes étapes sont nécessaires à la bonne guérison de cette blessure de surutilisation.

Dans un premier temps :  

Un certain repos « sélectif » doit être entrepris pour permettre au tendon d’entamer son processus de guérison de manière appropriée suivant la période aigüe de la blessure.

 

Fait pertinent, des exercices de type isométrique au niveau du genou seraient intéressants à intégrer à ce stade dans un but de calmer la douleur. En effet, une revue systématique avec méta-analyse (Nauge & al., 2012) a permis de mettre en évidence l’effet supérieur & bénéfique des exercices isométriques comparativement aux exercices contre résistance conventionnels ou même de nature aérobique.

 

Dans un second temps :

Une approche orientée vers des exercices spécifiques, tolérables & adaptés à l’individu de nature « excentrique » devrait être utilisée pour assurer une bonne réadaptation de la condition.

 

C’est-à-dire, dans le cas du genou par exemple, d’exercer seulement la partie « descendante » d’un squat, d’une fente, d’un leg press ou d’un leg extension. Dans cette partie du mouvement, le muscle quadriceps se laisse étirer & est soumis à une forte tension.

 

Les évidences supportant l’efficacité des exercices excentriques dans un contexte de tendinopathie sont fortes. Ces derniers permettant d’obtenir de meilleures adaptations au niveau du tendon & un meilleur contrôle de la douleur que les exercices conventionnels de type « concentrique – excentrique ». Ce type d’exercice serait plutôt réservé pour progresser dans la réadaptation une fois la douleur ressentie à l’activité grandement diminuée (Malliaras, Barton, Reeves & Landberg, 2013).

 

Anti-inflammatoire oui ou non ?

Pour le traitement des tendinopathies, il s’agit d’un sujet controversé.

Une chose est sure, la douleur risque d’être grandement améliorée avec la prise de ce médicament. Toutefois, la prise d’anti-inflammatoire pourrait avoir un effet négatif sur la « réparation » du tendon & nuire au processus de guérison (Ferry & al., 2007).

En effet, l’inflammation n’est pas toujours à éviter.

Au contraire !

Un processus inflammatoire implique le transport de nutriments & de cellules essentiels au site de guérison et nécessaires à la réparation des tissus lésés. C’est l’inflammation chronique qui peut devenir plus problématique…

 

Syndrome fémoro-patellaire

Le syndrome fémoro-patellaire (SFP), aussi appelé syndrome fémoro-rotulien, fait référence à des douleurs situées au niveau de la rotule lors des mouvements de flexion/extension du genou. Dans une majorité des cas, la douleur est la conséquence de certains déséquilibres musculaires présents au membre inférieur causant alors une dysfonction au niveau du mouvement normal de la rotule.

Une rotule ça BOUGE ??

Étonnement, oui ! Et elle bouge selon un mouvement précis en plus.

En effet, lorsqu’on fléchi puis étend le genou, la rotule effectue une mouvement de bas vers le haut & de médial à latéral. Un déséquilibre musculaire peut « désaligner » la position normale de la rotule et augmenter les forces de compression exercées sur celle-ci pendant le mouvement.

Déséquilibres musculaires

D’abord, de nombreuses évidences suggèrent qu’un déficit de force des muscles proximaux situés à la hanche serait un facteur contribuant au syndrome fémoro-patellaire (Meira & Brumitt, 2011). On parle entre-autres des muscles petit et moyen fessier situés en latéral de la hanche & possédant un rôle important dans l’équilibre et la stabilité du membre inférieur.

Or, puisque ce sont des groupes musculaires que l’on travaille rarement en « force » et de manière spécifique, ces derniers peuvent être généralement plutôt faibles.

… Même pour celui qui squat 250 lbs & plus 😉!

Une faiblesse à ce niveau peut entraîner des « compensations » de d’autres groupes musculaires & ainsi altérer la biomécanique normale au genou.

Ensuite, d’autres évidences ont soulevé la présence de débalancement entre le vaste latéral & la vaste médial oblique (VMO) qui constituent le muscle quadriceps. En effet, chez plusieurs personnes, l’activation du VMO est largement inférieure à celle du vaste latéral, tirant ainsi la rotule davantage en externe lors des mouvements au genou & pouvant contribuer à irriter les structures sous-patellaires (Na & al., 2021).

Traitement

À ce jour, la meilleure option pour traiter un syndrome fémoro-patellaire serait via un programme spécifique de renforcement des muscles de la hanche & des muscles du genou.

À ce propos, une revue systématique de Nascimento & al. (2018) a permis de mettre évidence des améliorations cliniquement significatives sur la diminution de la douleur & l’amélioration de la fonction en optant pour une approche de renforcement « combinée » plutôt que par isolation.

De plus, il est recommandé d’investiguer les déficits de souplesse pouvant maintenir le déséquilibre musculaire malgré les efforts en renforcement & ayant le potentiel de nuire au bon contrôle moteur du genou. Par exemple :

  • Augmenter la souplesse du quadriceps via étirement et/ou auto-massage avec rouleau
  • Augmenter la souplesse de la bandelette ilio-tibiale via auto-massage
  • Augmenter la souplesse des adducteurs et/ou des ischio-jambiers (si nécessaire)

Un taping correctif au genou est aussi une stratégie prouvée efficace pour réaligner la patella & réduire les douleurs reliées à un syndrome fémoro-patellaire (Chang & al., 2015).

Une consultation avec un physiothérapeute ou nos kinésiologues est la meilleure chose à faire afin de vous assurer d’avoir une prise en charge spécifique & adaptée à votre condition précise.

 

Autres pathologies

Les douleurs présentes au membre inférieur peuvent être complexes à comprendre considérant les liens étroits que l’on retrouve entre chacune de ses articulations. Ce qui se passe à la hanche peut considérablement influencer la mécanique dynamique & postural du genou et de la cheville.

Et vice-versa !

En ce sens, un éventail beaucoup plus vaste de problématiques peut alors être à l’origine des symptômes ressentis à la région du genou :

Syndrome de la bandelette ilio-tibiale…

Tendinopathie de la patte d’oie…

Élongation des adducteurs…

Il y en a plusieurs !

Une évaluation exhaustive du quadrant inférieur (région lombaire, hanche, bassin, genou & cheville) est requise pour en arriver à un diagnostic précis.

 

Conclusion

L’arthrose est un phénomène qui se développe naturellement & graduellement avec l’âge. L’arthrose précoce est bien sûr un « real thing », surtout pour ceux ayant expérimenté des blessures traumatiques au genou dans le passé (ex : déchirure ligamentaire, atteinte méniscale, etc.) ou ayant pratiqué des sports d’endurance à haut volume pendant plusieurs années (ex : marathon, cyclisme, etc.).

Toutefois, il n’y a pas nécessairement de corrélation entre le niveau d’arthrose et la sévérité des symptômes. Une grande prévalence d’individu présentant une gonarthrose modérée à avancée ne présentera pas de douleurs à l’activité (Arya & Vijay, 2013).

En permettant un meilleur soutien musculaire & lubrification de l’articulation, l’entraînement en résistance ou tout simplement l’action de bouger en général sur une base quotidienne est, au contraire, l’un des meilleurs moyens de prévenir & traiter cette condition articulaire (Shlenk, 2019).

Les douleurs ressentis au gym présentant un potentiel causal plus attribuable à un débalancement musculaire ou à une mauvaise quantification du stress mécanique…Ce sera le sujet d’un projet blog 😉.

Maxime Deschênes, kinésiologue & finissant en physiothérapie

 

Références

Arya RK, Vijay Jain, Osteoarthritis of the knee joint: An overview, Journal Indian Academy of Clinical Medicine, 2013, 14(2): 154-62

Chang WD, Chen FC, Lee CL, Lin HY, Lai PT. Effects of Kinesio taping versus McConnell taping for patellofemoral pain syndrome: a systematic review and meta-analysis. Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine. 2015 Jun 21;2015.

Ferry ST, Dahners LE, Afshari HM, Weinhold PS. The effects of common anti-inflammatory drugs on the healing rat patellar tendon. The American journal of sports medicine. 2007 Aug 1;35(8):1326-33.

Nascimento LR, Teixeira-Salmela LF, Souza RB, Resende RA. Hip and knee strengthening is more effective than knee strengthening alone for reducing pain and improving activity in individuals with patellofemoral pain: a systematic review with meta-analysis. journal of orthopaedic & sports physical therapy. 2018 Jan;48(1):19-31. Available:https://www.jospt.org/doi/10.2519/jospt.2018.7365

Naugle KM, Fillingim RB, Riley JL 3rd. A meta-analytic review of the hypoalgesic effects of exercise. J Pain. 2012 Dec;13(12):1139-50. doi: 10.1016/j.jpain.2012.09.006. Epub 2012 Nov 8. PMID: 23141188; PMCID: PMC3578581.

Na Y, Han C, Shi Y, Zhu Y, Ren Y, Liu W. Is Isolated Hip Strengthening or Traditional Knee-Based Strengthening More Effective in Patients With Patellofemoral Pain Syndrome? A Systematic Review With Meta-analysis. Orthopaedic Journal of Sports Medicine. 2021 Jul 28;9(7):23259671211017503.Available:https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/23259671211017503 (accessed 2.12.2021)

Maciel Rabello L, Zwerver J, Stewart RE, van den Akker-Scheek I, Brink MS. Patellar tendon structure responds to load over a 7-week preseason in elite male volleyball players. Scand J Med Sci Sports. 2019;29(7):992-9.

Malliaras P, Barton CJ, Reeves ND, Langberg H. Achilles and patellar tendinopathy loading programmes. Sports medicine. 2013 Apr;43(4):267-86.

Meira EP, Brumitt J. Influence of the hip on patients with patellofemoral pain syndrome: a systematic review. Sports health. 2011 Sep;3(5):455-65.Available: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3445210/(accessed 2.12.2021) 

Schlenk EA, Xiaojun Shi BS. Evidence based practices for osteoarthritis management. American Nurse Today 2019;14.

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